Comment peindre plus vite
Dans notre petit univers de passionné, il y a deux grandes catégories de peintres : ceux qui font de l’expo, et ceux qui peignent pour le jeu. Si tu es parmi les seconds, une chose doit sans doute t’obséder : comment peindre plus vite ? Non pas que tu souhaites avoir des fig peintes à la truelle, sinon tu ne lirais probablement pas cet article. Mais tu cherches probablement à avoir une armée qui a de la gueule, et ce le plus rapidement possible. Voyons ensemble quelques conseils pour y arriver !
Peindre plus vite en préparant son projet
Je l’ai déjà évoqué plus longuement dans un article dédié à la préparation du projet de peinture. Mais je tenais à nouveau à insister sur ce point. Non, préparer son projet ne signifie pas perdre du temps… bien au contraire. Si tu veux peindre vite tout en obtenant quelque chose de qualité, alors tu dois savoir quoi faire à l’avance. Partir à l’improviste n’est pas une hérésie en soit, mais ça ralentit forcément ton rythme de peinture.
En effet, à chaque étape, tu vas te poser la question de la couleur, de l’association de tel teinte avec telle teinte. “Ah zut, j’ai oublié de peindre cette partie de peau qui est de la même couleur que le visage… je dois reprendre depuis la couleur de base. Oh non, ma peinture est sèche. Hmmm, comment j’avais trouvé cette teinte… ah, je me rappel plus des proportions de mon mélange!”
Un projet bien préparé, ce sont autant de questions, de pertes de temps, en moins. Bref, c’est une base pour peindre plus vite, même si on a tous envie de vite se jeter sur les pinceaux
Utiliser une palette humide
La palette humide est un outil de plus en plus répandu dans le hobby. Nombreux sont ceux qui ne peuvent plus s’en passer. Malgré tout, quand on débute, ce n’est pas toujours le type de palette qu’on nous présente. Et pourtant, c’est extrêmement pratique et ça fait, ici aussi, gagner pas mal de temps.
Palette humide ? C’est quoi ?
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une palette humide ? C’est une version de la palette de peinture qui va maintenir la peinture humide plus longtemps car celle-ci va être en contact indirect de l’eau. Cet environnement qui maintient une humidité élevée permet d’empêcher la peinture de sécher sur la palette… et ce pendant plusieurs heures.
Elle se compose d’un récipient dans lequel on vient poser une couche poreuse (type éponge) qui sera imbibée d’eau. Par dessus, on vient poser un papier légèrement poreux (juste assez pour laisser passer l’humidité, mais pas trop pour maintenir la peinture à sa surface). Dans les modèles faits maison, on utilise souvent du papier sulfurisé (papier cuisson), qui permet d’obtenir l’effet désiré.
La peinture est ensuite déposée sur le papier, et on fonctionne exactement comme une palette classique. L’idéal est même d’avoir une version avec un couvercle, ce qui permet de fermer la palette une fois la session terminée, et ainsi de maintenir la peinture humide plus longtemps. On peint, on part manger, on revient… et la peinture est toujours là, bien utilisable.
En quoi ça me fait peindre plus vite ?
Pour moi, ça se joue sur deux points principaux. Le premier, c’est pendant la peinture en soi. Quand on peint une armée, avec un schéma identique, on a souvent besoin d’une grande quantité de peinture. Et je ne compte plus le nombre de fois où, en plein milieu de ma session, je me retrouve pour là 2 ou 3e fois avec ma peinture sèche. Du coup, je commençais à mettre moins de peinture sur la palette, et je devais recharger très régulièrement. Bref, pas mal d’aller-retours qui n’y paraissent pas, mais qui coûtent du temps une fois mis bout à bout.
Et bien la palette humide permet de mettre davantage de peinture sur sa palette sans avoir peur qu’elle sèche. Donc on peint plus vite, forcément.
Autre point : les pauses pendant la peinture. Clairement, dès qu’on peint ne serait-ce que des bandes de 10 figs, on fait des pauses avant d’avoir fini. Plus ou moins longues. L’avantage de la palette humide est qu’elle va permet de garder les peintures fraîches pour s’y remettre très rapidement. Typiquement, il m’est déjà arrivé de garder mes teintes d’un jour à l’autre, palette fermée dans le frigo. C’est vraiment hyper intéressant, notamment quand on a des mélanges, qu’on est pas obligé de perdre du temps à retrouver. On arrête, on met au frais, et le lendemain on peut reprendre immédiatement. Bref, là aussi un gain de temps énorme !
Peindre plus vite grâce au bon pinceau
Une fig, c’est petit, donc je peins avec des petits pinceaux ! Alors oui… mais non en fait. Evidemment, ça va être compliqué de peindre avec le pinceau à plafond. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut systématiquement opter pour le pinceau le plus petit du rayon.
Tu veux gagner du temps ? Tu veux peindre plus vite ? Alors il faut apprendre à peindre avec un pinceau un peu plus gros. C’est une erreur qu’on retrouve souvent chez les débutants (et pas que). Vouloir peindre toute une fig avec un taille 00 n’a aucun sens. Ca prend beaucoup trop de temps car la surface peinte est trop petite. On va devoir donner 200 coups de pinceau pour peindre une cape… c’est tout sauf efficace. Précis, oui… mais pas efficace.
Et plus important encore, le réservoir est MI-NUS-CULE. Le réservoir du pinceau, c’est là que va être stockée la peinture. Au plus il est grand, au plus il y a de peinture en réserve, donc au plus on peut peindre longtemps avant d’aller recharger le pinceau. A l’inverse donc, si on prend un pinceau tout petit, on va passer son temps à recharger le pinceau. Ces aller-retours incessants, outre le fait d’être très pénibles à la longue, sont encore une fois une source de perte de temps. Ca n’y paraît pas comme ça, mais quand on fait 10 recharges au lieu d’une, à force, c’est vraiment beaucoup de temps perdu.
Donc apprenez à bien choisir votre pinceau, à la bonne taille en fonction du travail effectué. D’ailleurs, j’avais fait un article : bien choisir son pinceau.
Peindre dans le frais
Passons maintenant à des aspects plus techniques. Certaines approches sont bien connues des peintres d’armée pour obtenir des effets rapidement. Par exemple, le brossage à sec et le pré-ombrage en font partie. Mais selon moi, la technique qui fait gagner le plus de temps est la peinture dite “dans le frais”.
Peindre dans le frais, c’est quoi ? On va simplement jouer sur le fait que les peintures se mélangent parfaitement. En mélangeant les peintures, on va amener sur une même zone des pigments de deux couleurs différentes. Cette proximité va donner l’illusion à l’œil d’une teinte intermédiaire, comme on a pu le voir dans l’article sur les interactions entre couleurs.
Et pour obtenir cette illusion, on va “faciliter” le mélange des teintes en déposant les 2 couleurs très rapidement puis, sans attendre que les peintures ne sèchent, on va venir les mélanger à même la figurine à l’endroit où les deux teintes se rejoignent.
En quoi cela permet-il de peindre plus vite ? Tout simplement car pour obtenir le même effet sur une couche de peinture sèche, et pour avoir une belle transition, on va devoir venir appliquer des fines couches de peintures très diluées… et qui dit peinture diluée, dit “long” ! Or, en utilisant cette technique de la peinture dans le frais, le mélange se fait immédiatement à la jonction des teintes, pour donner un dégradé très propre. Une vidéo qui l’illustre parfaitement est celle de m’dame HUTIF, avec sa peinture de Zombicide Invaders.
Si un article plus complet vous sur cette technique vous intéresse, dites-le dans les commentaires, je verrai pour en faire un, même si je suis loin d’être un expert sur le sujet 🙂
Ombrer avec des lavis
Je ne peux pas décemment faire un article sur la peinture rapide sans parler des lavis. Cette technique, qui consiste à peindre avec une peinture très chargée en medium avec des pigments sombres, est aujourd’hui très connue. Mais je dois la mentionnée.
Ici, l’objectif est d’apporter à la figurine un ombrage convainquant et ce en un coup de pinceau (quasi littéralement). Cette peinture, de par sa composition, va venir se déposer dans les creux naturels de la figurine, en laissant un dégrader des parties les plus saillantes vers les parties creuses. Si les ombres ne devraient pas toutes être dans les creux, théoriquement, cela permet tout de même d’améliorer la lisibilité de la figurine et d’obtenir un effet convainquant hyper rapidement.
C’est d’ailleurs pour cela que cette technique est tant utilisée. Et de fait, nombreux sont les fabricants qui proposent leurs lavis prêt à l’usage, à l’instar des Shade Citadel ou de Army Painter.
Savoir où attirer le regard
Si ton objectif est de peindre plus rapidement, il y a une chose à comprendre : tomber dans le piège de vouloir TOUT peindre parfaitement, et c’est l’échec assuré. Et oui, même le meilleur des peintres ne peut pas peindre chaque partie, chaque volume de la fig, en qualité studio et ce rapidement. Faire un fondu parfait, quoi qu’on fasse, ça prend du temps.
Donc pour peindre plus vite, il faut aussi savoir duper l’oeil. Lui faire croire que tout est peint à fond, alors que ce n’est pas le cas. Et pour que cela fonctionne sans que l’oeil ne capte l’entourloupe, il faut peindre intelligemment. L’objectif ? Guider le regard sur l’ensemble de la figurine pour l’attirer systématiquement vers LE point sur lequel on aura poussé le niveau.
Souvent, il s’agit du visage. On va alors prêter une attention particulière à cette partie, en la peignant le mieux possible. Puis, sur le reste de la pièce, on va jouer sur ce qui attire l’œil pour le guider jusqu’au visage. A chaque fois qu’on veut l’attirer, on va utiliser une peinture claire, saturée et/ou chaude. En effet, le regard est toujours plus attiré par ce type de couleur. En jouant, on peut donc tracer des sortes de petits guides. Le point de focus de votre fig, c’est comme Rome, tous les chemins de peinture doivent y mener 🙂
Pour peindre vite, peints à la chaîne
Augmenter significativement ta vitesse de peinture peut également se faire en utilisant les bonnes méthodes. L’une d’elle est la peinture à la chaîne. C’est une technique très pratique pour peindre de manière plus efficiente. En effet, lorsqu’on peint figurine par figurine, on change de peinture sur chaque partie, on perd du temps à nettoyer les pinceaux entre chaque, puis une fois la fig finie, toutes les peintures sont sèches sur la palette et on a plus qu’à recommencer depuis le début pour la suivante.
Peindre à la chaîne, c’est le meilleur moyen d’optimiser tout ça. Sur une petite bande de 5-6 figurines par exemple, on va d’abord peindre toutes les partie d’une même couleur, puis passer à la suivante, puis encore la suivante, etc… ça n’y paraît pas comme ça, mais ça fait clairement gagner un temps fou !
Attention par contre à ne pas peindre de trop grands groupes de figs. L’effet pervers de cette méthode est qu’on voit moins rapidement une fig finie. Bah oui, on ne va pas en finir une, puis l’autre, mais toutes les figs d’un coup. Donc si on peint de trop grands groupes, on a l’impression de ne pas avancer. Ca démoralise, et on finit par ne plus avoir envie de peindre et donc, l’effet de gain de temps est complètement perdu. Je te conseille de te limiter à des groupes de 10 grand max, 6 étant plus raisonnable.
Ne pas trop diluer la peinture
Un des premiers conseils qu’on donne aux débutants, et que j’ai donné moi aussi ici, c’est de diluer la peinture. Tout simplement car les peintures du commerce sont généralement très concentrées en pigment et ont tendance à faire des couches trop épaisses, qui combles les détails et altèrent donc la qualité de la sculpture. MAIS…
… attention à ne pas tomber dans l’excès de dilution. Pour bien faire, et par peur de la couche trop épaisse, on a souvent tendance à diluer un peu trop. Et du coup, on se retrouve avec une peinture très peu couvrante. Résultat, on doit passer 4 ou 5 couches pour obtenir une teinte homogène et complètement opaque. Et ça aussi, ça fait perdre du temps… beaucoup de temps. Car on passe une couche, en essayant de ne pas trop dépasser, puis on attend que ça sèche, et rebelote ! STOP !!!
Fais l’exercice au moins une fois : dilue un peu moins, vois ce que ça donne. Mets une goutte d’eau en moins. Si la couche est toujours suffisamment fine, retente avec encore une goutte en moins, et ainsi de suite. L’idée est qu’il ne faut pas absolument diluer pour diluer, mais diluer le moins possible, juste pour que la peinture soit bien fluide, sans pour autant que ce soit un jus qui ne couvre rien.
Se fixer un défi chronométré
Enfin, mon dernier conseil sera de te lancer, de temps en temps, un défi chronométré. A l’avance, tu te fixes un objectif raisonnable : “aller, je peins cette figurine en 2h max”.
C’est ce que j’ai fait récemment sur cette fig du jeu histoires de peluche. J’avais peint la première en 3h. Je me suis donc donné l’objectif de faire la seconde en 2h. Et clairement, j’ai été bien plus concentré, plus efficace. Résultat, les deux peintures sont d’un niveau similaire, et pourtant, j’ai mis 1h de moins. Si on applique ça à un groupe de seulement 10 figs, c’est 10h de gagnées. Imagine sur une armée entière !!
Bref, lance-toi ce petit défi de temps en temps, ça te permet de repousser un peu tes limites, de prendre des bonnes habitudes de peinture rapide, et te rendre compte de ce dont tu es capable. Par contre, inutile de tricher hein… si t’annonces 2h, tu arrêtes au bout de 2h, c’est pas 2h10 🙂
Et voilà mes petits conseils pour commencer à peindre plus vite. La liste est loin d’être exhaustive, évidemment, il y a des dizaines et dizaines de façons de peindre toujours plus vite. N’hésite pas à nous donner les tiennes dans les commentaires.
A très très vite, et n’oublie pas de mettre des couleurs dans ta vie 😉
7 commentaires
JedKenobi
Excellent article pour les débutants. Que de bons conseils. Merci pour ce que tu apportes à la communauté.
Guillaume
Bonjour m’sieur,
Et bien merci à toi, de me suivre et de me lire, comme tu les sais, c’est important !
Simon
Salut. Tu pourrais montrer la solution sur une de tes vidéo (challenge confinnement). Avoir un set up de plus loin pour voir la fin et la palette et insister sur comment tu rajoutes de l’eau, du médium, comment tu charges le pinceau, comment tu le nettoies (eau + sopalin).
Guillaume
Salut Simon,
Je suis désolé, je ne suis pas sûr d’avoir compris ta demande… peux-tu reformuler histoire que je pige bien ce que tu souhaites 🙂
Simon
Juste montrer un peu plus comment tu gères ta palette sur certaines videos (pas pour toute). C’est à dire quelle quantité de peinture tu poses, comment tu fais tes mélanges, comment tu charges le pinceau. Surtout qu’on voit sur ta vidéo confinement 19 que ça change en fonction des couleurs et des techniques.
MisterPi
Hello !
Super article, bravo. J’ajouterai ma pierre à l’édifice en évoquant un point que je trouve important dans la peinture d’armée: ne pas hésiter à sortir de la sous-couche de couleur, d’autant que bcp de teintes sont désormais dispo en bombe (chez Citadel, mais également Army Painter, Prince August, etc…). Perso, lorsque j’attaque une nouvelle armée, je sous-couche avec la couleur qui sera majoritaire dans la composition finale de la plupart des figs. Mine de rien, ça évite la phase de l’aplat sur une bonne partie de chacune (donc un gain de temps potentiellement important en cumulé) et c’est souvent suffisant pour garantir un bon rendu tabletop. À plus et bonne peinture !
Guillaume
Bonjour MisterPi,
En effet, c’est une excellente recommandation que je n’avais pas pensé à ajouter. C’est exactement ce que j’ai fait avec la peinture de mon Zombicide, où j’ai fait une sous-couche en Dead Flesh afin de gagner du temps… et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a été efficace. Dès que je peux, j’ajoute l’astuce à la liste 😉
Guillaume