Interaction entre couleurs : théorie des couleurs – part. 2
Ola moussaillon ! Tu croyais que j’avais écrit “partie 1” dans le précédent article sur la théorie des couleurs juste pour le plaisir. Point du tout ! Après avoir posé les bases (je t’invite à lire d’abord l’article précédent si tu ne l’as pas encore lu), nous allons maintenant voir les interactions entre les couleurs ! Aller, hop, ressort tes cahiers, on enchaîne.
Interactions entre les couleurs
Nous allons ici aborder tout ce qui touche aux interactions entre les couleurs. Si le premier article était purement théorique, j’aimerais apporter à cette série d’articles de plus en plus d’aspects pratiques, pour finir sur des cas concrets d’application. Le but est donc à présent de comprendre comment les couleurs réagissent entre-elles, afin de bien visualiser ce qu’il se passera sur la figurine, comment appréhender ses mélanges ou encore entrevoir le choix de ses teintes pour conserver une belle harmonie colorée.
Couleurs primaires et secondaires
Les primaires, bases de toutes les couleurs
Tout le monde a déjà entendu parlé des couleurs primaires. Et tout le monde est au courant qu’il en existe 3. Ca commence à se compliquer quand il faut les citer. Déjà, cela dépend du référentiel dans lequel on se place. Si on parle d’un point de vue “optique”, alors nous sommes sur le système dit de “synthèse additive”. Ici, les 3 couleurs primaires sont le Rouge, le Vert et le Bleu. La somme de ces 3 couleurs donne du blanc. Ce sont ces lois qui régissent notamment tous nos écrans : TV, ordi, portable…
Ceci ne s’applique pas du tout à notre passion qu’est la peinture. En effet, nous sommes nous dans un système dit de “synthèse soustractive”. C’est-à-dire que le mélange des 3 primaires ne donne pas du blanc mais du gris/noir. Et les couleurs primaires ne sont pas les mêmes. “ROUGE, BLEU, JAUNE” me crie-t-on au fond de la classe ! Alors oui, mais pas tout à fait. En fait, les véritables couleurs primaires sont le Jaune, le Magenta et le Cyan.
Pourquoi parle-t-on de couleur primaire ? Car se sont des couleurs “piliers” qui ne peuvent être obtenu par aucun mélange des autres couleurs. Ce sont les bases de toutes les autres couleurs présentes sur le cercle chromatique. Concrètement, cela veut dire que si tu as un pot de jaune, de magenta, de cyan, de blanc et de noir, théoriquement, tu peux obtenir toutes les couleurs… mais ça c’est la théorie. En pratique, on le verra, il y a des couleurs plus complexe à obtenir et pour lesquelles il est préférable d’avoir des pots tout prêt, sous peine de bien galérer !
Les secondaires et autres couleurs
Après les couleurs primaires viennent les secondaires, qui sont les couleurs obtenues par un mélange 50/50 des couleurs primaires :
- Le orange, obtenu par mélange du magenta et du jaune
- Le vert, obtenu par mélange du jaune et du cyan
- Et le violet, mélange du magenta et du cyan
Ces couleurs on la particularité d’être les couleurs complémentaires des couleurs primaires : le Vert pour le Magenta, le Violet pour le Jaune et le Orange pour le Cyan. On revient là-dessus dans le paragraphe suivant, mais c’est à garder en tête car la complémentarité des couleurs est un élément important !
Enfin, les autres mélanges déclinent toutes les teintes de la palette, dans une infinité qui n’a de limite que ton imagination ! Certains parlent des couleurs tertiaires, qui sont le mélange d’une primaire et d’une secondaire. Mais pour ma part, je pense qu’on peut laisser ça de côté, au moins pour le début.
Complémentarité des couleurs
La notion de complémentarité des couleurs est une notion particulièrement intéressante en peinture, de par son aspect pratique. En effet, chaque couleur possède une complémentaire. Si tu te rappelles de l’article précédent, on parlait du cercle chromatique… que je remets ci-dessous pour que tu puisses le visualiser correctement 🙂
La couleur complémentaire est la couleur qui se situe directement en face sur le cercle. Ici par exemple, la complémentaire du violet est le jaune (et réciproquement).
ASTUCE : pour se rappeler de la complémentaire d’une primaire, il suffit de mélanger les deux autres. La couleur secondaire obtenue est la complémentaire. Par exemple, prenons le jaune ci-dessus. Les autres primaires sont le cyan et le magenta. Le mélange des deux est… le violet !
Un moyen très amusant de se rendre compte de cette complémentarité de couleur est l’exercice ci-dessous. Fixe le point violet pendant 30 secondes. Ensuite, regarde dans le carré blanc. Que vois-tu ? Un point jaune, la complémentaire !
Application de la complémentarité
Comme je le disais, les complémentaires sont particulièrement intéressantes en ce qui concerne les interactions entre couleurs, et ce pour 2 raisons :
- Pour générer du contraste
- Pour assombrir une teinte
En effet, les couleurs complémentaires sont les plus éloignées l’une de l’autre sur le cercle chromatique. Conséquence : l’œil apprécie cet écart, qui facilite la lisibilité. Il y voit donc une association particulièrement facile à interpréter. Conclusion, il aime cet association. En général, utiliser deux couleurs complémentaires permet donc de garder une belle harmonie et une cohérence dans son schéma de couleur.
La seconde utilité est donc l’assombrissement d’une teinte. En effet, le mélange d’une pointe de la complémentaire dans une peinture va immédiatement donner l’illusion à l’œil que la couleur devient plus sombre. En mélangeant une couleur à sa complémentaire, on lui apporte indirectement un mélange des “couleurs primaires qui lui manque le plus”.
Exemple : la complémentaire du jaune est le violet. Le jaune faisant partie des couleurs primaires, il est simple de constater que les “couleurs primaires qui lui manque le plus” sont le Cyan et le Magenta. Or, le violet est bien le mélange entre Cyan et Magenta... la magie de la peinture 🙂
Le résultat de ce mélange est une couleur qui tire sur le marron-gris, avec un effet légèrement désaturé. On parle ici de gris coloré, par opposition au gris 100% constitué de noir et de blanc.
Or, souvent, les peintres débutants assombrissent en ajoutant du noir pur. Si on obtient en partie l’effet recherché, à savoir un assombrissement, on vient aussi jouer sur la saturation. La résultante du mélange est la couleur initiale mais ternie, beaucoup plus désaturée qu’avec un mélange de la complémentaire. Ce n’est pas vraiment ce que l’on souhaite obtenir, puisqu’on cherche une teinte plus sombre (donc on est ici sur l’axe de la clarté), mais pas moins saturée (axe de la saturation). Pour cela, il est préférable d’ajouter une pointe de la complémentaire dans la peinture. Ceci explique pourquoi on retrouve par exemple des teintes turquoises dans des recettes de peau, ou encore du vert dans des recettes de rouge.
L’importance de la sous-couche
L’acrylique, une peinture translucide
Nous avons déjà vu dans l’article Comment bien diluer sa peinture de quoi se compose la peinture acrylique : en très résumé, des pigments solides dans un médium liquide. Si les pigments sont ce qui donne sa couleur à la peinture, c’est parce-qu’il s’agit de l’élément qui va réfléchir la lumière. Mais une couche de peinture n’est pas composée à 100% de pigments. Il y a donc des espaces laissés libres et dans lesquels on ne retrouve que le médium. Bien sûr, ce n’est pas vraiment visible à l’œil nu. Ou du moins, on ne voit pas des tâches de couleurs, puis des zones translucides. Heureusement, ça serait bien moche ! Non, comme cela se fait à une échelle bien trop petite pour l’œil, celui-ci l’interprète d’une manière totalement différente : il y voit un effet de transparence.
La sous-couche : socle d’une ambiance générale.
Comme l’œil interprète cela par un effet de transparence, les couches inférieures ont donc un impact direct sur la couleur et le rendu obtenu à la surface. Et en premier lieu, la sous-couche a un impact déterminant.
Souvent, le choix est fait entre sous-couche noire ou blanche. Et très souvent également, il est conseillé de faire une sous-couche blanche si on peint du clair, une noire si on peint du foncé. STOP !!!!!!! Ce n’est pas tout à fait comme ça qu’il faut le prendre, selon moi. Plutôt que la facilité à peindre telle ou telle couleur, je pense qu’il faut davantage songer aux interactions entre couleurs de base et celle qui viendront se poser dessus.
En effet, il est plus simple de peindre du clair sur du blanc rapport au pouvoir couvrant de la peinture. Mais il est tout à fait possible de peindre du jaune sur du noir, et du marron sur du blanc. L’impact de la sous-couche est davantage sur le rendu final de la fig. Comme l’ensemble joue sur la transparence, une figurine sous-couchée en noir aura un rendu global sombre. A l’inverse, une sous-couche blanche aura un rendu final plus lumineux. Et donc, si on veut donner à sa figurine blanche, jaune et peau un rendu sombre-ténébreux, alors je conseille de la sous-coucher en noir, malgré le schéma de couleur claires.
De la même manière, il est tout à fait possible de donner à sa figurine une orientation en utilisant des sous-couches colorées. Par exemple, une sous-couche tirant sur le marron donnera à un vêtement blanc un effet sale et/ou chaud, plutôt vieillit. A l’inverse, un blanc avec comme base un gris-bleuté fera plus propre, plus froid, plus neuf, plus riche.
Interprétation des couleurs
Le dernier point que nous allons aborder ici est l’interprétation des couleurs. Nous l’avons abordé dans l’article 5 bienfaits de la peinture sur figurine sur le moral !, les couleurs ont un effet sur le moral. Elles sont souvent associées à des émotions, des valeurs, des traits de caractère… mais pas que !
Couleurs chaudes vs couleurs froides
Les couleurs sont réparties en deux catégories de “chaleur” : les couleurs chaudes et les couleurs froides. Elles sont ainsi classées car elles rappellent à l’œil l’ambiance colorée des saisons et des températures qui y sont associées. Par exemple, le bleu est une couleur froide. Elle nous rappelle la couleur de la lune des froides nuits d’hiver, de la réflexion de la lumière dans les lacs glacés. A l’inverse, le jaune est une couleur chaude : soleil, désert de sable, feu… autant d’image qui nous viennent tout de suite à l’esprit.
A l’instar de ces images qui nous viennent immédiatement en tête, poser ces couleurs sur une figurine donne tout de suite une ambiance à la scène, au personnage. Les interactions entre couleurs vont orienter l’œil et le cerveau vers une certaine interprétation. Une peau qui tire sur le bleu/violet semble frigorifiée, tandis que la même peau teintée de rouge semble bénéficier de la chaleur d’un feu de cheminée. C’est donc à prendre en compte dans son choix de peinture !
Effet d’optique des couleurs chaudes/froides
Au-delà de l’ambiance générale, les couleurs provoquent également un effet d’optique en fonction de leur température. Une couleur chaude donnera, en plus d’une ambiance dynamique, l’impression que se rapprocher du spectateur. Ainsi, une zone peinte en orange semblera plus proche. De la même manière, elle semblera plus grande. C’est une astuce à garder en tête dès lors que l’on veut mettre en avant un détail en particulier sur une figurine !
A l’inverse, les couleurs froides vont, en plus de l’ambiance apaisante, donner à l’objet l’illusion de s’éloigner, d’être plus petit.
Dans l’exemple ci-dessous, on voit que le cercle rouge dans le bleu, à gauche, semble plus proche de nous et plus grand que le bleu dans le rouge, à droite… ils font pourtant exactement la même taille.
Conclusion sur les interactions entre couleurs
Il y a beaucoup d’informations dans cet article, du coup, je fais ici un petit résumé de ce qu’il faut garder en tête concernant les interactions entre couleurs :
- Les couleurs primaires Cyan, jaune et Magenta sont la base du cercle chromatique et sont les seules à ne pouvoir être obtenues par mélange
- La couleur complémentaire est la couleur opposée sur le cercle chromatique.
- Les couleurs complémentaires s’associent bien entre elles et peuvent s’assombrir et/ou se désaturer par mélange
- La peinture acrylique est translucide et les couches inférieures ont un impact sur le rendu de la couche de surface
- Une sous-couche noire donne une ambiance sombre et ténébreuse, une blanche donne davantage de luminosité à la figurine
- On peut diviser les couleurs en 2 grandes catégories : les couleurs chaudes et les couleurs froides
- Les couleurs chaudes semblent plus proche et agrandissent les objets, on note l’inverse pour les couleurs froides.
J’espère donc que cette seconde partie t’auras plu, et que tu as appris des choses que tu pourras appliquer directement dans ta peinture. Comme d’habitude, pour soutenir le blog, je t’invite à partager et à commenter cet article. N’hésite pas non plus à me poser tes questions ici en commentaire.
On se retrouve bientôt pour un nouvel article, et d’ici là, je te dis à très bientôt, et n’oublie surtout pas de mettre des couleurs dans ta vie 😀
13 commentaires
Jean-Etienne
Merci Guillaume pour cette seconde partie qui conclue une très bonne vulgarisation de la théorie des couleurs 👍🏻🙏
Guillaume
Hello Jean-Etienne,
Merci pour ton commentaire, c’est toujours un plaisir! Mais sache qu’il ne conclue pas… et oui, il y aura encore au moins une partie 😉
Jeremy Brocthoren
Merci pour ce nouvel article 🙂
Guillaume
Mais de rien, merci à toi de l’avoir lu et d’avoir pris le temps de le commenter, c’est important pour moi 🙂
Il devrait en toute logique y avoir un 3e article sur la théorie des couleurs… affaire à suivre!
Manu
Merci ! Et bravo !
Tu expliques de manière très pédagogique. C est beaucoup plus clair. Pour moi si tu veux compléter je dirais qu il manque juste un petit pdf A4 qui résume et permet d imprimer pour se le mettre sous le nez quand on peint 🙂
Encore bravo !
Guillaume
Merci à toi Manu, j’apprécie tout particulièrement de savoir que mes articles sont utiles 😀
En ce qui concerne le A4, on verra par la suite si je fais une sorte de E-book… à suivre
Stéphane
Merci pour ces articles.
J’ai encore appris des choses.
Bravo.
Stéphane.
Guillaume
Bonjour Stéphane,
Super, merci pour ton commentaire. Une troisième partie suivra pour la partie la plus pratique à savoir “comment utiliser concrètement la théorie des couleurs”.
Encore merci et à bientôt,
Guillaume
Guillaume
Bonjour Stéphane,
Super, merci pour ton commentaire. Une troisième partie suivra pour la partie la plus pratique à savoir “comment utiliser concrètement la théorie des couleurs”.
Encore merci et à bientôt,
Guillaume
Vinciane Lacroix
Bonjour Guillaume,
Bravo pour ton blog, bien écrit et joliment illustré.
Dire que les complémentaires se trouvent de part et d’autre du cercle chromatique est pratique mais comme il existe plusieurs cercles chromatiques, voilà qui est problématique!
Regarde attentivement la figure qui illustre les couleurs chaudes et froides: les teintes des couleurs à l’extérieur du cercle ne correspondent pas à celles qui sont à l’intérieur (par exemple, regarde le bleu-violet); la personne qui a composé cette image a fusionné deux systèmes de représentation de la couleur.
Quelle est l’origine de cette différence? Justement, la définition de la complémentarité! Il en existe plusieurs formes: la complémentarité optique (le mélange des lumières donnent du blanc), la complémentarité visuelle (les lumières activent également nos récepteurs) , et la complémentarité soustractive (le mélange des peintures est proche du noir).
Je parle des deux premières formes de complémentarité dans un article récent de mon blog : https://www.vincianelacroix.net/les-couleurs-complementaires-i/ et je propose des exercices pratiques pour les artistes dans mon défi sur la couleur: https://www.vincianelacroix.net/defi-4-jouer-avec-les-complementaires/
Bientôt j’aborderai la complémentarité par mélange de peinture.
Bien à toi.
Guillaume
Bonjour Vinciane,
Merci pour ton commentaire. En effet, il existe plusieurs “mode de complémentarité”. Je l’évoque au tout début de l’article, en précisant que pour la peinture, nous sommes dans un système de “synthèse soustractive”, ce que tu évoques comme “complémentarité soustractive”. A partir de là, le cercle chromatique reste toujours le même, et je ne parle que de ce système (les autres ne concernent pas la peinture et je ne les connais pas ^^).
Par ailleurs, en ce qui concerne les teintes du cercle des couleurs chaudes/froides, elles sont bien dans le même ordre à l’intérieur comme à l’extérieur. La seule différence est qu’à l’intérieur, on est sur une roue plus progressive, alors qu’à l’extérieur on est sur des “blocs couleurs”. Partons du jaune par exemple : on est sur jaune, puis orange, rouge, violet, bleu, vert et à nouveau jaune… extérieur comme intérieur. A moins que je n’ai pas compris ce que tu me suggères de regarder 🙂
Quoi qu’il en soit, merci encore pour ton commentaire, et à très bientôt sur le blog 😉
Steph
Merci pour cette article très bien détaillé 👌
Super boulot 🤙
Guillaume
Merci Steph 😉